JOUR 1, 15 avril 2010
Presque 9h30. Une personne de Vues
d'Afrique doit m'appeler incessamment pour me donner des informations
quant à ma participation au Festival. Entretemps, j'ai décidé de
démarrer ce blogue qui me trotte dans la tête depuis quelque temps.
(15h30) La personne m'a finalement
envoyé un courriel, ainsi qu'à mes collègues, Sophia et Salehedinne,
vers 14h00 pour nous donner les heures de représentations des films que
nous devons juger. Il est vrai que le Festival démarre aujourd'hui et
que les organisateurs doivent être passablement occupés. ;-)
Je croyais que nous ferions partie
d'un jury plus large, mais il semble que nous soyons le jury!
Petit détail de la vie quotidienne,
en passant, l'évier de la cuisine a choisi aujourd'hui pour se
boucher... et bien boucher...
On quitte bientôt pour un petit
souper et la soirée d'ouverture, à l'Impérial!
Ci-haut, l'affiche et le
lien permettant d'en apprendre davantage sur Vues d'Afrique.
Voici, ci-dessous, le
formulaire que j'ai complété pour être choisi comme membre du jury.
Vos informations personnelles | |
Prénom :
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Yves
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Nom :
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Guillemette
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Ville :
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Châteauguay
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Téléphone (jour) :
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Téléphone (soir) :
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Courriel :
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Âge :
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57
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Parlez-nous de votre ouverture sur le mondeet de votre passion pour sa musique | |
Texte de candidature :
(maximum 60 mots)
|
Féru de géographie, d’histoire et d’affaires
internationales, je suis passionné de musique depuis toujours. J’ai
étudié en musique, je l’ai enseignée pensant une vingtaine d’années en
m’efforçant d’ouvrir l’esprit de mes jeunes élèves à la diversité
musicale. Je suis toujours actif musicalement, dans ma spécialité,
l’écriture, d’autant plus que je suis fraîchement retraité.
Personnellement, j’ai des goûts très éclectiques. Du bluegrass à
Arvo Part, du rock aux comédies musicales en passant par les baroques,
classiques et romantiques, et bien sûr par la musique africaine.
J’aimerais bien être choisi pour apporter ma contribution à cet
événement. Je suis convaincu que j’y ferai du bon travail.
YG
|
JOUR 2, 16 avril 2010
Magnifique soirée d'ouverture, hier
soir, au cinéma Impérial.
Des discours d'accueil et de remerciements, bien sûr, mais aussi une
prestation bouleversante d'une chanteuse Haïtienne à la voix si chaude
et émouvante. Disgrace
était le film présenté en ouverture, avec John Malkovich.
Ce Malkovich est un comédien à la physionomie particulière, plutôt
troublant et il était particulièrement dérangeant dans ce film. (En
aparté: je pense que les fans de Malkovich sont aussi troublants. ;-))
La soirée était agrémentée de vin,
eau et amuse-gueules divers. Nous avions cependant précédé tout ça d'un
succulent repas au Bâton-Rouge de Place Desjardins, au milieu des grues
et des camions.
Ce soir, je
vais voir mon premier film à juger. Il s'agit de Zanzibar-Musical-Club
(cliquez ce lien, il est musical en plus). J'en profiterai pour voir,
plus tôt, dans la même salle Football made in Africa (consultez la programmation)
et Behind
the rainbow.
JOUR 3, 17 avril 2010
Hier soir, vendredi, une belle soirée
dans la salle obscure de l'ONF, rue St-Denis. J'ai eu le grand plaisir
de rencontrer mes deux collègues jurés, Salaheddine et Sophia.
Behind
the rainbow relate des
événements politiques, suite à la fin de l'apartheid en Afrique du Sud,
en 1994. En 124 minutes, on y rapporte les succès des gouvernements
qui se sont succédés et surtout, des échecs répétés de politiques qui
devaient au départ réduire les écarts de richesses entre les citoyens
sud-africains. Les événements nous sont racontés jusqu'à l'année
dernière! Une quinzaine d'années seulement sépare l'apartheid de la
réalité actuelle, et 15 ans dans l'histoire d'un peuple, c'est il y a 30
secondes. La transition est encore pénible et la pauvreté semble
endémique. Dire qu'on y jouera au Football en juin! La façon de faire
de la politique est aussi parfois surprenante. Je n'ai pu m'empêcher de
tenter d'imaginer Pauline Marois chantant Umishi Wahi (donne-moi
ma mitrailleuse) comme l'a fait Jacob Zuma, actuel président d'Afrique
du Sud, au congrès de l'ANC où il a été nommé.
Zanzibar est situé dans l'Océan Indien, à
l'est des côtes de la Tanzanie. Le film que nous avions à visionné, Zanzibar-Musical-Club,
nous proposait un journal de voyage, commenté et abondamment illustré
d'images et d'extraits musicaux. Après une ouverture sur de superbes
paysages, on nous fait entendre une musique aux accents orientaux,
souvent rythmée d'essences africaines et très organisée. Les musiciens,
surtout masculins, sont entraînés très jeunes à développer leur oreille
et leurs habiletés sur des instruments à cordes d'origine occidentale,
comme le violon et d'autres, à cordes pincées, de type oriental ou
asiatique. Il y a de l'atmosphère! On y improvise la fête en campagne,
ou on organise un mariage... Très bon.
Ce soir, Black
music des chaines de fer aux chaînes en or, un siècle et demi
d'histoire des Noirs américains et de leur musique et Rocksteady: the Roots
of Reggae, c'est bien
simple... j'ai hâte!
JOUR 4, 18 avril 2010
Vous croyez que c'est facile de dormir
après deux documentaires totalisant près de 3 heures sur la musique?
Et bien non. Le Rocksteady vous entre dans la tête pour ne plus en
sortir.
Hier samedi, donc, deux films. Black
music des chaines de fer aux chaînes en or
nous parle de l'histoire des Noirs
américains et de leur musique. Bonne animation au début, le film
s'empare de nous dès le départ. Le film est entièrement constitué
d'images et de sons d'archives que pour la plupart, je n'avais jamais
vues ou entendus. Un clip de Nina Simone m'a particulièrement
impressionné, de même que l'interprétation de Strange Fruits par
Billie Holliday... La chanson traite du lynchage de Noirs américains
qu'on pratiquait dans le deep south, ce sont les Strange
Fruits. La construction du film repose donc sur l'évolution des
styles musicaux typiquement Afro-américains en relation avec l'esclavage
dont ils furent victimes. On passe ainsi des work songs en negro
spiritual, blues, swing, bebop, cool et soul, sans oublier le hip hop,
rap et ainsi de suite. Vraiment pas banal comme propos.
Le Rocksteady? Une délicieuse
lenteur. Les protagonistes de Rocksteady: the Roots
of Reggae, si on peut les
nommer ainsi, sont les créateurs du style... ils mettent même des dates
sur les inventions rythmiques qui ont mené à la vogue rocksteady.
Plusieurs grands succès sont issus de cette musique. C'est surprenant.
Ce prétexte d'une réunion d'anciens musiciens jamaïcains nous procure 98 minutes d'excellente
musique et de bons moments de dialogues, de narration teintés d'un
humour parfois grinçant. Une grande place est laissée à la musique
évidemment, mais curieusement, on emprunte un détour religieux à un
certain moment qui m'a paru curieux. Les images: pas moins que superbes!
Ce soir, un seul film: UN TRANSPORT EN COMMUN. Un road movie musical? On
verra bien. Il me sera difficile cependant d'éviter NUMBER ONE qui
passe juste avant...
Ensuite, je
pense bien que le festivalier va faire relâche une journée. Il me
restera deux films à voir en compétition et je devrai les voir en DVD.
Moins pris par l'horaire, j'aurai l'occasion de voir d'autres films
présentés au Festival et de les commenter ici-même.
JOUR 5, 19 avril 2010
Première déception du Festival, UN TRANSPORT EN COMMUN n'avait simplement pas à faire dans
la catégorie que nous avons à juger. Jusqu'à maintenant, nous avons
visionné des films qui mettait en valeur des musiciens ou la musique, ou
bien illustrait un aspect historique sous l'angle musical, tenant plus
du documentaire.
J'ai également visionné NUMBER ONE , un véritable bonbon marocain, d'un
humour très fin. Le film raconte l'aventure d'un homme bourru, parfois
méchant envers sa femme et les autres femmes qui travaillent sous sa
supervision dans une manufacture de vêtements. Soraya, sa femme, lui
fait prendre une potion qui l'empêche de se comporter incorrectement
avec les femmes... Je n'en dis pas plus. Même si le film ne fait pas
partie des films que nous avons à juger, j'ajouterai quand même que la
musique y était excellente.
Aujourd'hui: relâche du festivalier
et... hockey! Demain mardi, j'ai l'intention de visionner les deux
derniers film de notre compétition: ZAO et Oum
Kalthoum, l'astre de l'Orient. Il faudra que je les voie en DVD,
au bureau du Festival.
JOUR 6, 20 avril 2010
Relâche du festivalier, hier, et match
de hockey télévisé... Une autre déception. J'avais cependant indiqué à
mes proches que Martin aurait dû faire garder les buts par Price dès le
début de la série. Pas parce que Halak n'est pas bon, mais pour la
confiance des autres joueurs. Si Price gagne les matchs, tant mieux,
mais s'il faiblit, on amène Halak, en sauveur, et la confiance des
joueurs se multiplie par 10! Enfin, on m'écoute pas...
JOUR 7, 21 avril 2010
J'ai maintenant vu tous les films en
compétition. Les deux derniers, ZAO et Oum
Kalthoum, l'astre de l'Orient sur DVD, dans une salle de
visionnement (lire une chambre d'hôtel équipée d'une seule chaise et
d'un hide-a-bed, d'un lecteur DVD et d'une vieille télé à tube).Les
autres jurés et moi projetons de nous réunir vendredi soir pour rendre
notre décision.
ZAO chante en s'accompagnant à la
guitare. Le film a été tourné au Congo, dans le milieu qui a vu grandir
ZAO et il s'y raconte, s'étendant sur sa relation avec son
environnement. C'est sympathique. Il nous parle de sa vision du monde
et illustre son propos de ses chansons. Parfois, il est seul avec sa
guitare, parfois, il est accompagné d'autres musiciens locaux qui jouent
d'instruments traditionnels. Un bon bout du film se déroule autour du
mbongui, de la fête du soir, où on raconte des histoires en groupe et où
on chante. On a le sentiment d'avoir bien compris qui est ZAO à la
fin. Il est résolument engagé, pacifiste, écologiste.
L'autre film, Oum
Kalthoum, l'astre de l'Orient, relate la vie et la carrière de
Oum Kalthoum, chanteuse égyptienne décédée en 1975 (voir Oum Kalsoum sur
Wikipédia). J'en retiens une carrière extraordinaire s'étalant sur plus
de 40 ans! Du début de la radio jusqu'à son décès. Au début des
années 30, elle signa effectivement un contrat avec une compagnie de
radio en s'engageant à y chanter en direct, le premier jeudi de chaque
mois. Cela a duré 40 ans. Le premier jeudi du mois est devenu pour le
monde arabe un rendez-vous de la première importance. Les chansons
pouvait durer une heure! Fascinant. Le film est constitué de documents
d'archives entrecoupés d'extraits d'entrevues avec des personnes qui
l'ont connue ou admirée et d'images de la vie égyptienne. Très bon
documentaire.
Ce soir, le
Canadien devra se passer de mes services car je vais voir un film:
Une
femme pas comme les autres aborde la polyandrie. Mina, une PDG,
décide de prendre un second époux. Une fiction, dans l'océan de
documentaires que j'ai vus cette semaine.
Note additionnelle: quand j'ai
commencé ma retraite, je me suis dit que j'irais à Montréal, à
l'occasion, faire une journée "Montréalaise": visiter un lieu, un
musée, manger sur le pouce, marcher une section de la ville que je ne
connais pas, etc. Je suis servi cette semaine, avec ce cinéma
africain! J'ai mangé des sushis au sushi shop, des frites et burger au
Frites Alors, bu une bière entre deux films dans un bar de la rue
St-Denis en regardant une période de hockey et hier, deux steamés
et une frite au mythique Montréal Pool Room, le nouveau, maintenant
situé en face de son ancien emplacement, sur la non moins mythique
St-Laurent. Un bon moment. Depuis 1912!
JOUR 8, 22 avril 2010
Une
femme pas comme les autres aborde la polyandrie. La société permet
à un homme d'avoir plusieurs femmes. Que se passe-t-il quand Mina, une
PDG, décide de prendre un second époux? Comment réagit l'époux en
place quand Mina lui apprend la nouvelle? Et quand le nouvel élu
arrive? Ce film explore, de façon inusité, la relation qui doit
s'établir entre les deux conjoints d'une même personne. L'un essaie
d'occuper un espace, l'autre défend ce qu'il considérait comme le sien.
Un film drôle qui porte néanmoins à réfléchir.
Le Festival tire à sa fin et le
festivalier commence à trouver difficile le voyage quotidien à Montréal,
mais il s'estime toujours chanceux, choyé par le sort, de vivre une
telle expérience.
Je me rendrai finalement à la remise
de prix, samedi après-midi. D'ici là, nous aurons déterminé le gagnant
de Musicafrica.
JOUR 9, 23 avril 2010
ET LE GAGNANT EST.....
Mais non, voyons!
C'est seulement demain, à 15h00, que
le gagnant du Prix Espace-Monde/Musicafrica sera connu. À cet effet, le
jury s'est réuni, ce soir, au restaurant Gracia
Africa, rue Notre-Dame Ouest, à Montréal. J'avais apporté pour
l'occasion, un vin Sud-Africain, Obikwi. On est concept ou on ne l'est
pas.
Le resto:
Le jury: Salaheddine,
Sophia et moi.
Nous nous sommes entendus après deux
heures de délibérations. Demain samedi, donc, remise de prix au Café de la Cinémathèque québécoise,
boulevard Maisonneuve.
JOUR 10, 24 avril 2010
ET LE GAGNANT EST.....
"Dans notre catégorie, nous avons été confrontés à des manifestations très diverses de l'influence du sentiment musical africain. Du TARRAB au Rocksteady, en passant par le griot africain et l'Astre de l'Orient, du work song au Hip Hop, la décision finale ne fut pas aisée. Parmi les six excellents films qui nous étaient présentés, nous avons fondé notre choix sur le film le plus captivant et suscitant le plus grand intérêt, bref celui qui faisait vivre à son spectateur plusieurs émotions à travers sa musique. Notre choix s’est finalement porté sur un film relatant l’évolution de la musique afro-américaine en relation avec l'esclavage et le racisme, mais surtout l’universalité de la musique et son pouvoir de rassembler et d'unir les gens de différents horizons."
Sophia Kaméni, Salah Hadraoui, Yves Guillemette.
Membres du jury de Espace-Monde/Musicafrica
Membres du jury de Espace-Monde/Musicafrica
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